Début août, les volontaires en Service Civique des projets Romcivic et d’accompagnement à la scolarisation ont emmené camper sept enfants au château des Scouts et Guides de France de Jambville dans les Yvelines. Pendant trois jours ils ont pu découvrir les principes du scoutisme et participer à des activités en plein air, loin de leur bidonville.
Mardi 1er aout dès 7 heures du matin, les volontaires se rendent dans les bidonvilles de porte de la Chapelle, Stains et Montreuil chercher les enfants. Les sacs sont faits, il n’a pas fallu longtemps pour que les familles acceptent de laisser partir leur enfant pour la première fois en camp d’été avec les volontaires.
Benjamin qui est à l’origine du projet, ancien volontaire Romcivic et scout depuis des années raconte :

« C’était un peu notre crainte au départ de savoir si les familles accepteraient de laisser leur enfant, elles n’ont jamais fait ça, du coup on s’était dit qu’on emmènerait en seulement cinq. On a proposé à sept familles sachant que certaines refuseraient sûrement et finalement toutes les familles étaient partantes »
Aline, coordinatrice des volontaires en Service Civique complète :
« On connaît bien les familles, les volontaires se rendent trois fois par semaine sur les terrains, il y a un réel lien de confiance qui s’est créé. C’est vraiment le résultat du travail effectué par les jeunes ».

Sebi a appris à rouler son foulard comme un vrai scout !
Si l’idée de partir en camp 3 jours pour des enfants peut paraître anodine, pour eux, c’est une première. « C’est structurant pour des enfants qui vivent en bidonville et pédagogiquement le scoutisme partage les valeurs que nous défendons à l’association » explique Aline. Un des enfants par exemple s’est vu expulsé 3 fois de différents terrains depuis octobre et n’a jamais été scolarisé. Même si au sein de leur mission, les volontaires proposent quotidiennement des activités aux enfants, sortir du bidonville, offrir un cadre apaisant et partager des tâches de la vie quotidienne permet de construire une relation éducative forte.
Pour Benjamin, l’idée d’organiser un camp d’été avec ces enfants lui trottait dans la tête depuis un moment. Il rentre alors en contact avec Mathieu responsable national du Scoutisme en quartiers, un dispositif qui vise à favoriser la diversité au sein du scoutisme.

Filles et garçons participent aux activités, quelles qu’elles soient. La matinée commence par un match de foot et se conclut par un atelier de tissage de bracelets brésiliens.
L’équipe encadrante improvise un temps dans l’herbe pour leur transmettre les consignes et le programme de la journée. Benjamin rappelle aux enfants de ne pas cueillir les fruits dans les arbres qui ne sont pour l’instant pas mûrs mais les informe qu’une visite du potager est prévue dans l’après-midi et qu’ils auront l’occasion de goûter aux produits.
L’heure du repas approche. L’équipe cuisine du midi part en mission au Scout Market. Philémon un des volontaires transmet la liste de courses à Andreaa, 9 ans, qui la lit à ses camarades qui dédallent dans les allées pour trouver les aliments à ramener au camp. Au menu : macédoine, haricots verts, poissons panés et yaourts.

De retour sur le campement, chacun trouve sa place. Certains dressent la table, d’autres s’activent à la cuisson du poisson ou vont remplir les bidons d’eau.
Aline et Benjamin se félicitent de leur implication dans les tâches quotidiennes : « Ils sont super contents de participer à la vie du groupe. On leur fait confiance, ce sont des enfants qui sont déjà très autonomes et débrouillards, on les responsabilise et ils se sentent valorisés dans ce qu’ils font ».
L’après-midi démarre par une promenade dans le potager du site. Les enfants goûtent des fleurs de courgettes, ramassent des fraises et cueillent des prunes.
La visite se termine par une visite des ruches. Pendant le cours d’apiculture, les enfants commencent à s’agiter à l’idée de voir des abeilles. Notre guide détache les parois de la ruche en verre qui laisse entrevoir les milliers d’abeilles au travail. Soudain plus un mot. Les enfants chuchotent et collent leur oreille pour écouter le bourdonnement. Armando se voit offrir un pot de miel provenant de cette même ruche qu’il ramène fièrement au campement pour le partager avec ses camarades au goûter.



« Un des temps forts de ce camp, c’était lors du jeu du drapeau où les enfants étaient mélangés à deux autres groupes de jeunes » déclare Aline. En effet, l’objectif de ce séjour était aussi de favoriser la mixité. « Ils se sont vraiment bien adaptés, ils n’ont pas l’habitude de voir d’autres enfants. Dans le groupe, sur les sept enfants il y en a cinq de scolarisés et deux de 12 et 13 ans qui n’ont jamais été à l’école. Et quand ils sont scolarisés, ils y sont depuis maximum deux ans. » Le but de la mission des volontaires est justement d’accompagner les enfants dans leur scolarisation, de la vaccination à l’inscription à l’école et de proposer des activités éducatives et des sorties aux enfants non scolarisés. Depuis le lancement du projet du projet scolarisation en septembre 2015, plus de cinquante enfants issus des bidonvilles ont été scolarisés.
Pour rappel, en mars 2015, 4252 mineurs vivaient encore en bidonville en France.